L'Histoire du Pastel
Notre Club recevait hier soir Madame Lambert pour nous présenter l'histoire du Bleu de Lectoure.
Notre Club recevait hier soir Madame Lambert pour nous présenter l'histoire du Bleu de Lectoure.
Mme
Lambert, née aux USA, arrive à Châteauroux à l’âge de 3 ans,
ses parents s’installant sur la Base de Déols.
Avec
son époux, de nationalité belge, elle rejoint Lectoure en 1994.
Ils sont séduits par la couleur des volets de leur maison qui sont
d’un bleu « extraordinaire ».
Ainsi
commence leur aventure …
Le
pastel (Isatis Tinctoria) est une plante – peu attrayante – qui
fleurit jaune . Ce sont les feuilles qui donnent la couleur
bleue.
Déjà,
les Gaulois s’en servaient pour faire peur aux Romains qui
craignaient cette couleur (« avoir
une peur bleue … »).
Il
faut traiter les feuilles dans la ½ heure qui suit la récolte.
Après macération, on les broie et on en fait une boule : « la
cocagne » . Au Moyen Age ces boules étaient mises à sécher
durant quatre mois et ainsi devenaient dures, noires et plus petites
donc plus facile à transporter. Sous cette forme, le pigment bleu se
conserve quelques mois et peut donc faire l'objet d'un commerce
international.
A
cette époque, dans les ateliers de teinture, le contenu des cuves
était jaune car l’oxydation se faisait grâce à l’urine
humaine et c’est cette oxydation qui va faire virer au bleu.
Au
fil du temps, le temps d’extraction du pigment est passé de
plusieurs mois au Moyen Age à 1 seconde aujourd’hui.
Après
macération, le liquide contenant le pigment à l'état incolore sera
mis en permanence en contact avec l'oxygène de l'air. Ce liquide
incolore au départ, deviendra progressivement de plus en plus vert,
jusqu'au vert émeraude et l'écume se formant à la surface produira
un bleu intense. Cette oxydation se maintiendra 5 heures.
L'oxydation
étant complète, le liquide sera transféré dans les cuves de
repos, ou de précipitation. Cette opération se fait en fin de
journée afin de pouvoir, le lendemain matin, évacuer la masse
liquide pour récupérer le pigment pur dans le fond des cuves.
Ce
pigment devient dur comme un caillou et il faudra plusieurs broyages
pour permettre la récupération du colorant.
Il
faut traiter une tonne de feuilles de Pastel pour obtenir 2 Kg de
pigment pur.
A
la Renaissance, ainsi nait « le pays de Cocagne » dans le
sud-ouest en général et à Toulouse en particulier.
Ce
bleu très spécial sera réservé à une élite : la famille
royale, les militaires … avec des nuances de densité spécifiques
à chaque catégorie.
… Jusqu’à
l’arrivée de l’indigo, importé des Indes, qui plonge le midi
toulousain dans le marasme. La culture du Pastel connait son premier
déclin.
Mais,
nouveau rebondissement, sous Napoléon, le blocus anglais empêche la
livraison de l’indigo et, donc, renaissance du Pastel.
Le
milieu du XIXe siècle abandonne définitivement l'utilisation du
Pastel, tout comme l'arrivée des colorants de synthèse au XXe
siècle feront oublier la Garance et l'Indigo.
Mais
la force du Pastel est l’impossibilité de le reproduire
synthétiquement.
Merci à Madame Lambert pour la qualité de son intervention.
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