Il était une fois, Jean Pierre, un membre "Fondateur"
A l'initiative de notre Présidente, Jocelyne, les membres fondateurs de notre Club sont amenés à présenter aux plus jeunes, leur parcours, tant professionnel que Rotarien.
C'est ainsi que Jean Pierre Vialaret, avec sa verve et sa finesse habituelle nous conta, pour notre plus grand bonheur, des "tranches de vie" plus riches les unes que les autres.
Pour lui faire honneur, nous publions un article qu'il rédigea à propos de son expérience pendant la guerre d'Algérie. Il est intitulé " Le Putsch vécu depuis la Kabylie" 1960-1961, Les Aghribs (Kabylie).
"En Algérie depuis décembre 1960, dans la région de Tizi-Ouzou, je n'aurai pas imaginé que le 24 avril 1961 allait devenir un jour historique et un tournant important dans le déroulement des opérations de ce qu'on appelait alors la pacification de l'Algérie.
Appelé du contingent, j'étais affecté au service de l'ordinaire dans le petit village des Aghribs, situé à une centaine de kilomètres à l'est d'Alger, entre Port-Gueydon et Azazga. Notre casernement était installé dans l'ancienne école des Aghribs, citée par Camus dans Actuelles 2.
Nous protégions la SAS située en contrebas et, chaque semaine, nous partions en convoi à Tizi-Ouzou pour nous ravitailler et ravitailler le personnel de la SAS qui répartissait les vivres entre les habitants du village.
Ce matin du 24 avril, nos transistors ne diffusaient pas les émissions habituelles, mais une musique lancinante et ininterrompue. Nos camions chargés, nous étions prêts à repartir pour notre campement dès 11 heures, mais le départ n'était fixé qu'à 13 heures et l'avion qui protégeait le convoi n'était pas attendu plus tôt.
Avec quelques amis, nous avons donc décidé d'aller déjeuner au restaurant. Nous allions prendre le café quand un sergent de notre groupe s'est aperçu de notre absence au pique-nique auquel nous aurions normalement dû prendre part. Il s'est précipité dans le restaurant en criant : "Les généraux ont pris le pouvoir en Algérie, le convoi est parti, si vous ne venez pas tout de suite, vous serez portés comme déserteurs ! "
Par bonheur, un taxi stationné devant la porte du restaurant a accepté, moyennant un supplément, de nous aider à rattraper le convoi. Ce fut une des peurs de ma vie! Heureusement, il n'y avait pas de limitations de vitesse et nous avons pu rejoindre le convoi.
Arrivés aux Aghribs, tout en déchargeant les camions, nous nous organisions et nous tentions de savoir si, parmi nous, certains n'avaient pas de sympathie pour les généraux. Grâce à nos transistors, nous avions pu écouter le Général De Gaulle et sa condamnation des généraux factieux et là, nous étions tous derrière De Gaulle. Nous sommes partis en camion dans les rues d'Azazga pour distribuer des tracts ainsi libellés : "le fascisme ne passera pas".
Et si les généraux avaient réussi ? ils étaient probablement sincères et animés d'un vrai idéal. En 1958, l'arrivée du général De Gaulle au pouvoir avait fait naître chez eux, l'espoir que l'Algérie resterait à la France.
Jean Pierre Vialaret
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