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Offrir un nouveau départ aux réfugiès


Des diplômés des Centres du Rotary pour la paix aident des réfugiés à se relancer.

Photo : ©Flo Smith/NurPhoto/Corbis


Toutes les dix minutes, un enfant naît apatride. De la crise syrienne aux conflits au Soudan du Sud, en République centrafricaine ou dans d'autres pays, une nouvelle génération de réfugiés, de personnes déplacées et de demandeurs d'asile voit le jour. Ces exilés de longue durée passent aujourd'hui des années, voire des décennies, avec leurs familles dans des camps, sans espoir de pouvoir rentrer chez eux.
Pour la première fois depuis la fin de la Seconde guerre mondiale et la création du Haut-Commissariat des Nations-unies pour les réfugiés, plus de 50 millions de personnes sont déplacées par les guerres et les conflits.
Chaque année, notre programme des Centres du Rotary pour la paix offre des bourses à une centaine d'étudiants pour préparer un certificat professionnel à l'université Chulalongkorn à Bangkok ou un master dans des universités en Australie, en Angleterre, au Japon, en Suède et aux États-Unis. Depuis le lancement du programme en 2002, certains de nos 900 diplômés sont aujourd'hui des catalyseurs de changement au sein d'organisations non-gouvernementales et à but non lucratif venant en aide aux réfugiés. Quatre ont raconté leur expérience dans notre magazine The Rotarian.

De la Somalie à l'Éthiopie

En 1988 alors qu'il a 10 ans, Mahamoud Ahmad et sa famille fuient la guerre civile en Somalie et trouvent refuge dans un camp de déplacés internes dans la région semi-autonome du Somaliland. « Nous devions faire griller le blé car nous n'avions pas assez d'eau pour le cuisiner, se souvient-il. Je n'étais qu'un enfant et j'ai vu des gens mourir. »
Il raconte aussi « ne pas avoir pu aller à l'école avant d'avoir 14 ans ». Puis en quatre ans et à raison de 12 heures par jour, il suit l'équivalent de douze années scolaires. Par pure détermination et grâce à divers soutiens dont celui du Rotary, « j'ai plus tard étudié pendant treize ans dans quatre universités », explique-t-il.
Après avoir obtenu son master en 2008/2010 au Centre du Rotary de l'université de Bradford en Angleterre et fort de son expertise dans les domaines de la paix et des conflits, il se fixe une mission : aider les réfugiés à surmonter les problèmes dont il a lui-même souffert un jour. « J'ai été réfugié, j'ai été déplacé, j'ai été migrant de retour », dit M. Ahmad pour résumer son parcours.
Il est aujourd'hui coordinateur du programme éducatif pour le programme Norwegian Refugee Council's Ethiopia dont les camps dans la Corne de l'Afrique et au Yémen abritaient plus de 100 000 réfugiés en 2013. L'organisation assure aussi l'éducation et la formation de milliers de réfugiés en Érythrée, au Kenya, en Somalie, au Soudan du Sud et au Soudan.

Du Liban au Canada

Après avoir passé une bonne partie de sa jeune vie à l'étranger et notamment au Liban dans un camp pour réfugiés palestiniens, Noëlle DePape a pour ambition de devenir une sorte de globe-trotter de la paix une fois en poche le diplôme de master qu'elle prépare en 2005 à l'université du Queensland en Australie. « Je me demandais comment avoir le plus d'impact en tant qu'artisan de la paix et de la justice sociale », dit-elle.
Encouragée par Godfrey Mukalazi, un ougandais également diplômé des Centres du Rotary, elle retourne chez elle à Winnipeg où se concentre la plus importante population autochtone urbaine au Canada. L'arrivée dans le Manitoba de près de 15 000 émigrés par an, dont 10 % de réfugiés en provenance d'Afghanistan, du Bhoutan, d'Irak, de Somalie et d'autres pays, y a créé un mélange détonant avec une communauté autochtone déjà en proie à des difficultés.
Mme DePape rejoint l'organisation Immigrant and Refugee Community du Manitoba qui fournit des logements de transition et une aide sociale aux réfugiés et des programmes périscolaires pour les jeunes à risque. « Certains jeunes réfugiés ne se sentent pas intégrés au Canada et rejoignent des gangs », dit-elle. Elle explique aussi qu'il est extrêmement rare que ces adolescents, pour la plupart jamais scolarisés et affectés par les problèmes liés à leur situation de réfugiés, reçoivent un jour une éducation de base.
En 2008, elle lance le projet Youth Peacebuilding. Pendant une semaine, des adolescents des communautés autochtones, de réfugiés ou de jeunes des quartiers blancs font du sport ensemble et apprennent à mieux se connaître en assistant par exemple à la prière des Musulmans ou à une cérémonie de purification dirigée par un doyen de tribu.

Du Japon au Kenya

Voir du pays et aider les autres. C'est ce qu'Etsuko Teranishi souhaitait vraiment faire pour se sortir du quotidien étudiant à Osaka au Japon.
Diplômée 2005/2007 du Centre du Rotary de l'université du Queensland, elle dirige aujourd'hui une unité de réponse aux crises pour l'Organisation internationale pour les migrations à Nairobi au Kenya. L'an dernier, l'unité a aidé plus de 40 000 réfugiés en provenance de la République démocratique du Congo, d'Éthiopie, du Rwanda, de Somalie et du Soudan ainsi que des Kenyans déplacés par les conflits et les catastrophes naturelles. « Nous venons en aide aux jeunes sans emploi et aux femmes victimes de violences », explique-t-elle.

Des États-Unis à la Malaisie

Langan Courtney est installée à Kuala Lumpur en Malaisie, une ville accueillant une des plus importantes populations de réfugiés. Elle est coordinatrice de programme pour l'International Rescue Committee's Resettlement Support Center, une organisation qui facilite la réinstallation de 10 000 réfugiés chaque année aux États-Unis.
« Des millions de réfugiés dépérissent dans des camps. Il est très difficile d'accepter que les besoins surpassent notre capacité à leur venir en aide, » dit Courtney, diplômée en 2012 du Centre du Rotary pour la paix de l'université de Chulalongkorn. Ses études lui permettent aujourd'hui d'examiner les situations de crise sous différentes perspectives. Pour elle, « les bourses des Centres du Rotary pour la paix sont conçues pour regrouper des acteurs de la paix aux expériences professionnelles très diverses et l'approche pratique fournit de bons outils pour la diplomatie. »




Adapté d'un article paru dans le numéro de février du magazine 
12-Mar-2015

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